le sortilège de la danse libre

Publié le par Sire Planchapain

Je marchais dans une grande fête foraine. Les vrilles en chandelles gibraient sur leur mât. Un couguar malade embrassé, le serrant de toutes mes forces, son occiput aigu me pénétrant la joue. Chaque pas, dans ce sac, de bitume fondu. Ma vie était cariée d'egrreurs. Armé d'un karcher qu'un flexible suivait, clapotant, serrant la rêche crinière ensanglantée. Pleurant.
Les tentes autour abritaient une telle haine, morne atmosphère à l'odeur des sentinelles. Et mon âme suivait, dansant un ancien jazz. C'est une expérience nouvelle pour moi, Junior.
La nausée pétrifiée comme la peur d'un rat. Et j'avoue que sans ma connaissance éhontée de la prose steagelienne, je n'aurais pas su traverser cette marée salée dansante.
Une femme renard, un chien de diamants, miguèrent mon couguar moribond. A la commissure de leurs griffes, un filet blond, arachnéen, s'échinait à piéger d'étranges pollen rouges.
Et les balles ricochaient sur mes pompes de sécurité. Piuuu. J'enjoignit mon couguar à lutter encore. Tu ne mourras pas, tu ne mourras pas, reste donc gibet de bougre, bougre de gibet. Ah!
Un vieil alizé souleva dans le smog des franges de barbe à papa, exhortant les vivants à entretuer leurs proches. Ses sonorités funèbres, aux accents Iggy Poppiens, rasaient les gravillons, écrissant les peaux.
J'évitais les poussières, par peur, et continuais à avancer.

Une se ficha dans mon oeil. Une se ficha dans mon oeil. 

Et tandis que je tombais, mon âme édentée m'empoigna. « Dansons, nous aussi, oublions-nous mon sire. Polichinellons les morceaux de ta vie, cousons cousons, sortons nos aiguilles, perçons et poinçonnons ces tissus étrangers. Voyons si une bête vilaine en ressort. Quittons! »
  
Mon couguar, vacillant, traversa la tempête.

Et disparut... 


Sire Planchapain, littérateur de l'Enfer
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